Les plus vieux manuscrits du Coran

Emilio Platti

Idéo, Professeur émérite de l’Université catholique de Louvain

icon-calendar Mardi 24 janvier 2017

Suite à la découverte de manuscrits extrêmement anciens du Coran, et à la datation au carbone 14 des folios de Birmingham entre 568 et 645 (soit entre 56 avant l’hégire et 25 après), les chercheurs dans leur majorité refusent aujourd’hui les datations tardives des manuscrits coraniques les plus anciens proposées par exemple par John Wansbrough dans son livre intitulé Quranic studies (Oxford University Press, 1977). Patricia Crone et Michael Cook avaient eux aussi suggéré qu’il n’existait aucune indication de l’existence de corans avant la fin du 1er/7e siècle (Hagarism, Cambridge University Press, 1977). Il semblerait aujourd’hui qu’une meilleure datation serait plus proche du milieu du 1er/7e siècle, voire même avant cette date.

La découverte à Ṣanʿāʾ en 1972 de très anciens manuscrits coraniques a suscité de nouvelles recherches, et les photographies ultraviolettes qui sont aujourd’hui possibles ont révélé que l’un de ces codex est en réalité un palimpseste, c’est-à-dire qu’il contient un texte plus ancien qui a été effacé et remplacé par un texte plus récent. Une première édition de ce texte effacé a été publiée par Behnam Sadeghi et Mohsen Goudarzi dans Der Islam 87 (2010) sous le titre « Ṣanʿāʾ 1 and the origin of the Qurʾān » et une analyse de ce manuscrit a été publiée entre 2008 et 2014 par Elizabeth Puin sous le titre « Ein früher Koranpalimpsest aus Ṣanʿāʾ ». Une nouvelle édition du texte doit sortir le 28 février 2017 par Asma Hilali chez Oxford University Press sous le titre The Sanaa palimpsest. Malheureusement, ces deux éditions ne contiennent le texte que des 36 folios du manuscrit de Dār al-Maḫṭūṭāt  (Ṣanʿāʾ) et pas les 40 autres folios du même codex qui ont été récemment trouvés à la Maktaba al-Šarqiyya (toujours à Ṣanʿāʾ).

Il est intéressant de noter que cette version plus ancienne qui a été effacée semble être, à ce jour, la seule parmi toutes les copies du Coran qui diffère de la version canonique de ʿUṯmān. Après l’unification du texte Coranique par ʿUṯmān, les versions divergentes ont en effet été supprimées et remplacées par le texte canonique. Le palimpseste de Ṣanʿāʾ est une preuve convaincante que différentes versions de l’époque des compagnons du Prophète ont réellement existé, ce qui était bien connu de la tradition musulmane médiévale, représentée entre autres par le Kitāb al-maṣāḥif d’Ibn Abī Dāwūd.

L’islamisme

islamismeEmilio Platti, L’islamisme, collection « Que penser de… ? », n° 89, Éditions Fidélité, Paris – Namur, 2016, 120 p.

Le radicalisme musulman, appelé « islamisme », est à mettre en lien avec la pluralité de groupes et de mouvements qui se rattachent à l’islam. S’il est multiforme, il a des bases idéologiques assez claires. Il a pris naissance non seulement en Arabie et en Égypte, mais aussi dans le sous-continent indien. Il s’agit de revitaliser la communauté musulmane, trop longtemps obsédée par la modernité à l’occidentale. Pour atteindre ce but, les islamistes propagent une identité simple, avec une pratique bien définie, qui rendrait la communauté musulmane homogène, en éliminant toute pluralité — or, l’islam est amplement pluriel — et en usant parfois d’une violence extrême. Les mouvements qui adhèrent à ce courant de pensée et d’action se caractérisent par un exclusivisme excessif, qui n’est pas uniquement anti-occidental.

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Risālat al-Kindi

Emilio Platti, « Risâlat al-Kindi : l’édition tartare et le texte latin », IIIe Symposium Syro-Arabicum, Université du Saint-Esprit de Kaslik (USEK), Liban, 6 février 2015.

Relations interconfessionnelles à Bagdad

Emilio Platti, « Relations interconfessionnelles à Bagdad » dans : Coesistenza e Cooperazione nel Medioevo, In memoriam Leonard E. Boyle (1923-1999). Atti del IV Congresso Europeo di Studi Medievali della FIDEM (Fédération internationale des instituts d’études médiévales) tenutosi a Palermo dal 23 al 27 giugno del 2009, Palerme, 2014.

Discussions interconfessionnelles à Bagdad

Emilio Platti, « Discussions interconfessionnelles à Bagdad au Xe siècle » dans : FIDEM (Fédération Internationale des Instituts d’Études Médiévales), Acts of the 4th European Congress of Medieval Studies, In memoriam of Leonard E. Boyle o.p. (1923-1999),sur le thème Coexistence and Cooperation in the Middle Ages.

Des Arabes chrétiens

Emilio Platti, « Des Arabes chrétiens dans l’œuvre de Shlomo Pines (1908-1990) », dans :Sources and Approaches across Disciplines in Near Eastern Studies (ed. V. Klemm & N. Al-Sha’ar), collection Orientalia Lovaniensia Analecta, 215, Peeters, Leuven-Paris, 2013, p. 101-113.

Le christianisme d’Abraha et le Coran

Emilio Platti

Université de Louvain-la-neuve

icon-calendar Mercredi 17 février 2016 à 17h00

20160217_Seminaire_Emilio_PlattiLe frère Emilio Platti, membre de l’Idéo, nous a présenté les travaux de Christian Robin sur les inscriptions qui se trouvent en Arabie et qui remontent au début du IVᵉ siècle. Par ses travaux, Robin apporte des éléments de réponse archéologiques à une question que se posent les islamologues : comment les auditeurs du Prophète pouvaient-ils comprendre quoi que ce soit aux très nombreuses allusions bibliques que contient le Coran ? La vision traditionnelle tend en effet à présenter les Arabes comme des païens polythéistes n’ayant aucune culture biblique.

Lorsque le général éthiopien Abraha prend le pouvoir en Arabie du Sud entre 525 et 530, renversant le vice-roi éthiopien chrétien qui avait été installé par le roi éthiopien venu venger le massacre des chrétiens de Najran en novembre 523, il part à la conquête de l’Arabie, imposant une nouvelle forme de christianisme. Ce faisant, Abraha répète les conquêtes des rois himyarites judaïsants du début du IVᵉ siècle.

C’est exactement pendant l’ère d’Abraha que l’on observe un changement dans les inscriptions arabes de la Péninsule, qui passent d’une formule trinitaire (« Au nom de Raḥmān, de son Fils Christos et du Saint-Esprit ») à des formules plus compatibles avec le futur message coranique et qui évoquent « la miséricorde de Raḥmān, de son Messie et de l’Esprit de sainteté ».

Ce christianisme probablement judaïsant d’Abraha pourrait constituer un chaînon manquant entre le judéo-christianisme palestinien des premiers siècles et l’islam, dans une terre qui est pétrie d’influences juives et chrétiennes depuis trois siècles, lorsque le Prophète Muḥammad commence sa mission à la Mecque en 610.

Le chapitre sur le Coran dans la polémique chrétienne d’al-Kindi

Emilio Platti

Idéo, professeur émérite à l’Université catholique de Leuven

icon-calendar 22 octobre 2013

Datable du début du IXᵉ siècle, sous le règne du calife al-Maʾmūn, la polémique du chrétien al-Kindī, qui examine dans sa deuxième partie la question de l’authenticité du Coran, est une des polémiques médiévales les plus pertinentes, car elle s’appuie sur des textes musulmans authentiques.

L’islam… ennemi naturel ?

islam ennemiEmilio Platti, L’islam… ennemi naturel ? Éditions du Cerf, Paris, 2006, 304 pages.

Depuis quelques années et bien avant le 11 septembre, la polarisation tendue entre ce qu’on appelle « Islam et Occident » s’est muée en crainte mutuelle. Ce n’est plus l’étrangeté de l’Islam qui est à l’ordre du jour – question abordée par l’auteur dans son ouvrage « Islam… étrange ? » – mais la question de l’exclusion réciproque. Elle se pose en premier lieu sous deux formes : islam et christianisme sont-ils des adversaires par nature ? L’Islam et l’Occident ne peuvent-ils trouver une citoyenneté commune dans une culture mondiale, globale mais diversifiée ? Les questions d’aujourd’hui font écho à celles du passé : le Coran n’est-il pas essentiellement anti-chrétien ? Quelle est l’inspiration première de l’Islam ? L’image négative du musulman véhiculée au Moyen Âge n’est-elle pas à la source d’une certaine « islamophobie » évoquée par certains musulmans contemporains ? Comment comprendre une certaine amertume chez les musulmans, un « ressentiment » qui les agite consciemment ou inconsciemment ? N’y aurait-il pas dans la théologie musulmane quelque chose qui rende ceux-ci résistants à ce qu’on appelle l’Occident, ou la modernité ? Les musulmans ne pourraient-ils pas vivre une citoyenneté « à l’occidentale », comme l’affirment de nombreux « nouveaux penseurs » musulmans ? En partant du Coran et de textes polémiques médiévaux, et tout en ayant en vue ces questions qui troublent les esprits contemporains, ce livre permet de voir plus clair dans un dossier complexe.

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