L’histoire religieuse contemporaine en France

Dominique Avon, L’histoire religieuse contemporaine en France, Paris, Éditions La Découverte, 2022, 295 pages.

Le paysage confessionnel et convictionnel de la France du début du XXIᵉ siècle est marqué par une grande diversité : catholiques, agnostiques, athées, sunnites, bouddhistes, protestants, juifs, orthodoxes, hindous, autres groupes minoritaires issus du christianisme ou de l’islam…Cette réalité n’a fait son entrée que récemment dans le champ de l’histoire religieuse contemporaine. Celle-ci, longtemps marquée par une attention prioritaire au catholicisme, avec des sillons spécifiques tracés pour le judaïsme et le protestantisme, a connu un renouveau. C’est ce dont vient témoigner cet ouvrage, qui constitue la première grande synthèse portant sur la manière dont l’historiographie française a articulé religions, sécularisation et modernité.
À travers l’histoire d’une corporation ouverte à la fois à d’autres disciplines (sociologie, philosophie, théologie, anthropologie, droit) et à d’autres spécialités (histoire politique ou sociale et, plus récemment, histoire culturelle, histoire des femmes, histoire de la jeunesse ou histoire de la santé) se dessine un portrait de groupe au sein duquel des débats intéressant l’ensemble de la discipline historique ont été tenus. Si ses membres ne répondent pas à des profils homogènes, l’empreinte commune de leurs travaux est cependant significative dans le paysage de la recherche et son rayonnement déborde les frontières nationales.

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Du droit religieux dans le droit étatique

Dominique Avon, « Du droit religieux dans le droit étatique : approche historique de la législation anti-blasphème dans les États à référence musulmane depuis les années 1960 », Cédric Burgun et Ludovic Danto (dir.), Le Blasphème. Le retour d’une question juridique oubliée entre droits sacrés et droits civils, Paris, Artège/Lethielleux, 2020, pages 115‒144.

Le nom chrétien sous la plume d’hommes de religion musulmans égyptiens

Dominique Avon, « Le nom chrétien sous la plume d’hommes de religion musulmans égyptiens », Les cahiers de l’EMAM 32 (2020).

Dans un contexte de sécularisation du droit provoquée par l’influence de l’Europe, puis par la domination coloniale britannique, les ʿulamāʾ égyptiens ont perpétué une représentation méprisante des chrétiens et maintenu la justification d’un rapport d’inégalité, en particulier dans le domaine conjugal. Après l’indépendance, ils ont fait valoir le modèle d’un régime islamique intégral comme idéal à atteindre. Les crispations au sein des deux communautés ont suscité des violences croissantes, face auxquelles les autorités religieuses n’ont pu que lancer des appels à l’unité nationale. La situation des années 2010 est marquée par une impasse, puisque le principe de « citoyenneté pour tous les Égyptiens » reste fondé sur des inégalités de droit et de fait, fondées sur la référence religieuse.

La liberté de conscience : histoire d’une notion et d’un droit

Dominique Avon, La liberté de conscience : histoire d’une notion et d’un droit, Rennes, PUR, 2020, 1171 pages.

Entre le XVIᵉ et le XVIIIᵉ siècles, la liberté de conscience a été conçue, d’abord en latin et dans une poignée de langues européennes, comme une possibilité de croire, de changer de croyance ou de ne pas en avoir. Elle a ainsi reçu une acception distincte de celle de la liberté religieuse ou de la liberté de religion. Lors de son inscription dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, adoptée sans vote négatif par l’assemblée générale des Nations unies en décembre 1948, ce droit individuel a néanmoins suscité des réserves ou oppositions qui ont empêché sa déclinaison constitutionnelle par plusieurs États-membres. Une génération plus tard, la contestation de la liberté de conscience s’est trouvée renforcée au nom de la reconnaissance de sensibilités culturelles différenciées, au nom d’une lutte contre l’apostasie — parfois associé au blasphème ou à l’insulte contre certaines religions, ou au nom de la défense de l’unité d’un corps. L’enquête historique conduite dans cet ouvrage s’inscrit dans le temps long des sociétés humaines. Établie sur des sources linguistiques diverses, elle vise à saisir l’émergence d’une notion au sein de communautés spécifiques, du Bassin méditerranéen à la Chine et à l’Amérique du Nord, à comprendre les motifs d’adhésion et de rejet formulés par plusieurs centaines d’auteurs, à déterminer les modalités d’expansion de cette liberté, de sa traduction dans des langues qui n’en avaient pas dessiné les contours, ainsi qu’à appréhender les ressorts des remises en question contemporaines. Cette recherche met en jeu des autorités exerçant des fonctions complémentaires ou rivales et s’intéresse aux institutions dont elles ont la charge. Elle explore, entre autres, les registres de la philosophie, de la théologie et du droit. Elle met en exergue la force et la fragilité d’une des libertés fondatrices de la modernité, historiquement située et qui n’a cessé d’être louée ou décriée.

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Les « hommes de religion » dans l’Islam contemporain (années 1970‒2010)

Dominique Avon
Directeur d’études à l’École pratique des hautes études (EPHE), Directeur adjoint de l’Institut d’études de l’Islam et des sociétés du monde musulman (IISMM) et membre de l’Idéo

icon-calendar Dimanche 3 novembre 2019

 

Alors que la conjoncture interne au monde musulman était favorable au début des années 70 (indépendance retrouvée face aux colonisateurs, formation des élites religieuses en Occident, unité de vues autour d’un projet de constitution d’État islamique…), ce sont les divisions internes qui ont dominé à partir de la fin des années 70 et du début des années 80 (révolution iranienne, traité de paix égypto-israélien, prise de la Grande Mosquée de la Mecque, assassinat de Sadate…)

S’il est évident que des facteurs extérieurs expliquent en partie la crise que traverse le monde musulman (occupation israélienne, guerres du Golfe successives…), il faut aussi prendre en compte la profondeur des divisions internes au monde musulman. Trois questions peuvent illustrer ces divisions : la question des mœurs (faut-il préserver l’intégralité des lois islamiques, et si oui, faut-il les appliquer réellement, ou bien faut-il renoncer à préserver ces lois et en abandonner officiellement certaines parties ?), la question du régime politique islamique idéal (califat, royauté, république ?), et la question du rapport au passé (retour vers un passé idéal, sélection et réinterprétation ?)

La vive opposition actuelle entre l’Union mondiale des savants musulmans et le Conseil des sages musulmans reflète ces divisions et seul l’avenir pourra dire quel chemin les musulmans choisiront de prendre.

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