Rocio Daga Portillo
Professeur d’islamologie à l’université de Munich
Mardi 28 mars 2017
Il est frappant de constater que dans le Coran et les textes les plus anciens, c’est le terme de sunna qui est utilisé plutôt que celui de šarīʿa en référence à la loi. La sunna signifie alors la loi orale transmise par la tradition et les anciens. Elle fait partie, pour les auteurs chrétiens et musulmans, de la révélation non écrite. À partir du XIᵉ siècle, un tournant épistémologique a lieu : la sunna est canonisée en tant que texte écrit et la šarīʿa prend alors le sens de loi musulmane, à côté de l’expression aḥkām al-islām. Chez des auteurs modernes comme Ḥasan al-Bannā et Sayyid Quṭb, le terme de šarīʿa est progressivement utilisé dans le sens d’un corpus de lois écrites.