Adrien Candiard
Doctorant en islamologie, École pratiques des hautes études, Paris
Mercredi 15 juin 2016
La théorie de la connaissance du théologien et juriste andalou Ibn Ḥazm (m. 456/1064) peut sembler paradoxale au premier abord. D’un côté il est un fervent défenseur du recours à la raison dans la discussion théologique et d’un autre il fait une lecture littéraliste des textes révélés et transmis.
En réalité, Ibn Ḥazm reprend à son compte la théorie de la connaissance d’Aristote, fondée sur des axiomes et sur la démonstration logique de nouvelles connaissances à partir de ces axiomes, à la différence qu’il considère le donné révélé comme des axiomes, non pas comme des connaissances qui doivent être testées par la raison.
La conséquence logique de cette théorie de la connaissance est que la preuve démonstrative est la raison elle-même, et pas son exercice, qu’il n’y a plus de différence entre la foi et la connaissance, entre Dieu et la connaissance de Dieu, et plus généralement entre la science et la simple accumulation de connaissances.
Pour Ibn Ḥazm, si le non musulman ou le musulman hérétique refuse la démonstration de la vérité de l’islam, il ne peut donc être que menteur ou hypocrite, car sa propre raison lui indique nécessairement que l’islam est la vérité.