Stéphane Pradines
Archéologue et professeur associé à l’université Aga Khan
4 décembre 2014
Comment l’étude des armes utilisées par les mahdistes soudanais durant leur révolte contre les autorités coloniales anglo-égyptiennes, de 1881 à 1899, permet-elle de comprendre mieux ce mouvement soufi ?
En 1870, dans l’est du Soudan se crée une nouvelle secte soufie lorsque Muḥammad Aḥmad Ibn ʿAbd Allāh déclare être le Mahdī, figure messianique qui doit mettre fin à la domination coloniale.
Les armes des troupes mahdistes témoignent du fonctionnement de l’armée. Contre un armement industriel des troupes anglaises, les mahdistes opposaient un arsenal archaïque. Mais les mahdistes remportent des victoires jusqu’en 1898. La découverte d’étendards confirme l’idée d’une armée unie et organisée en différentes unités. Cette organisation avait peut être pour origine une hiérarchie religieuse. Les versets calligraphiés sur les armes et les porte-bonheur accrochés aux épées rappellent la religiosité galvanisatrice des guerriers.
Des armes d’origine étrangère témoignent des différentes influences. Les épées de type mamelouk rappellent leur influence régionale. La plupart des lames, italiennes ou germaniques, viennent des Mamelouks qui entretenaient un commerce privilégié avec certaines cités italiennes. Les dagues et les masses témoignent d’une influence iranienne qajar. Cette influence des chiites iraniens s’est peut être faite grâce à des relations entre confréries religieuses proches ; des relations qui restent à étudier plus en profondeur.